mardi 4 août 2009

Regard sur l’Afghanistan - Logiques Tribales et Géopolitique



L’Afghanistan un des points les plus chauds du globe, est un pays d’Asie central sans accès à la mer, très montagneux, peuplé de tribus et d’ethnies différentes qui ont fait de cette nation un théâtre d’oppositions internes et récurrentes.







Superficie Totale 652 000 km2 Classée 41ème
Capitale Kaboul
Population Totale, en 2009 32 738 376 habitants Classé 38ème
Densité / km2 43 hab. /km2
Langues officielles : pachtoun et dari
Forme de l’État République islamique
Président de la République islamique Hamid Karzai
Produit intérieur brut (parité nominale) 8,8 milliards $ (2006)
Economie Essentiellement pays agricole
_ Agriculture PIB 38%
87% de la population active hors opium.
_ Industrie PIB 24%
Secteur Textile
Il se résume pour l’essentiel à la fabrication de tapis, emploie un million de
personnes et génère, officiellement, le produit d’exportation le plus important du
pays.
_ Les Services
Ils représentent 13 % du PIB
_ Ressources minières
Le charbon
Le fer très pur, le cuivre le plus pur du monde (accord et exploitation avec la
Chine), plomb, zinc, alumine, molybdène, tungstène, chromite, la baryte mais
Aussi des métaux très rares comme l’étain, le lithium.
Pierres semi- précieuses (lapis-lazuli) et précieuses (Emeraude, rubis, et saphir)
Le Gaz naturel
_Eau Problèmes de sécheresse dus seulement à l’absence d’un système d’irrigation

SA SITUATION GEOGRAPHIQUE

Entouré par :
Au sud et à l’est par le PAKISTAN république islamique détenteur de l’arme atomique (167 762 000 hab. 803 940 km2)
A l’ouest par une république islamique l’IRAN (71 208 000 hab.1 648195 km2) désire lui aussi détenir la puissance nucléaire, exportateur de Pétrole.
Au nord ouest le TURKMENISTAN (5 179 571 hab. 488100 km2), pays ayant un accès à la mer caspienne, exportateur de gaz naturel.
Au nord l’Ouzbékistan (28 268 440 hab. 447 000 km2) pays agro alimentaire avec comme richesse du pétrole, gaz, uranium et cuivre.
Au nord est le Tadjikistan (7 211 884 hab. 143 100 km2) pays pauvre exportateur de coton et d’Aluminium.

_ L’AFGHANISTAN - SES PEUPLES ET SES LANGUES


_ Population – Ethnies et principales langues

Branche iranienne

Les Pashtouns (38 %), cette ethnie est considérée comme majoritaire 7000 000 environ dont la langue est le pashto dérivée du persan. La zone où elle s’est implantée se situent à Kaboul, dans le sud, sud est (en vert sombre sur la carte).

Les Tadjiks (25 %), 3 500 000 environ se situent à Kaboul, dans le nord et nord est
et dont la langue est le dari.

Les Hazaras (19 %), 1 500 000 environ se situent à Kaboul, et centre (Hazarajat) dont la langue est le Hazara.
Les Baloutches (0,5 %), (100 000)
Les Nouristanis (0,5 %). (100 000)


Branche turque

Les Ouzbeks (6 %).
1.300 000 environ se situent, dans le nord et dont la langue est le euzbek.
Les Turkmènes (1,4 %), (300 000)
Les Kirghiz

Autres ethnies
On compte quelques ethnies moins importantes :

Les Aïmaks (3,7 %), (480 000)

Les Farsiwans (2,8 %) (600 000)
Les Brahouis (1 %), (200 000)

Les Pachtouns ethnie dominante

Population se considérant chez elle sur une grande partie de l’Afghanistan et du Pakistan

La zone Pachtoune est représentée en bleu sur la carte ci-dessus.
La ligne rouge qui court en son milieu marque la frontière entre Afghanistan et Pakistan.

Les Pachtounes ethnie dominante sont un peuple indo-européen composé de plusieurs tribus nomades dont la plus importante fraction réside en Afghanistan et au Pakistan.

Ils se considèrent comme des Afghans de souche, le mot afghan est synonyme du mot pachtoune.
Les Pachtounes parlent le pachto, une langue indo-européenne officielle qui est aussi la langue de la diplomatie et de l’administration de l'Afghanistan.

La ligne Durand c’est quoi ?

C’est le nom donné à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, établie le 12 novembre 1893 par un accord entre l'émir Abdur Rahman Khan et sir Mortimer Durand pour l’Empire britannique, fait pour assurer à l'empire des Indes britanniques des frontières sûres contre l'expansionnisme russe.
Elle divise artificiellement des tribus pachtounes qui partagent la même langue, la même organisation sociale et une forte tradition guerrière.

Des Pachtouns aux milices ouzbeks. (Histoire)

Jusqu’en 1979, date de l’invasion soviétique l’ethnie pachtoun, tenait à Kaboul tous les leviers de commande : politique, armée, diplomatie, administration locale, au détriment des autres ethnies, et surtout des Chiites du massif montagneux central,

Cet état de chose est profondément modifié par les soviétique en établissant la constitution d’un gouvernement communiste proche de l’occupant.
Après des règlements de comptes sanglants sur l’ensemble du pays, le pouvoir s’appuie sur certaines milices « ethnique » ouzbek de Rachid Dostom et c’est par sa défection que le régime communiste s’effondre et se termine par la victoire des « moudjahiddins »

Les Tadjiks

Cette autre ethnie importante qui occupe le Nord Est du pays a joué le rôle décisif dans la victoire contre l’armée soviétique.
Dans la vallée du Panshir, au nord de Kaboul les insurgés tadjiks ont réussi à mettre en échec sept offensives successives soviétiques.
En conséquence à Kaboul le général Massoud s’installe au pouvoir avec le Président Rabbani en s’appuyant sur les peuples minoritaires et les Tadjiks en écartant les pachtounsSous la direction du chef fondamentaliste pachtouns Gulbuddine Hekmatyar après de sauvages bombardements de la capitale, la reprise du pouvoir échoue.

Les Talibans

En Pachto, le terme Taliban pluriel de taleb connaît essentiellement l'acception d'« étudiant en théologie » formé au Pakistan
Les Talibans sont Pachtounes.
Ce groupe à une caractéristique c’est qu’ils sont très indépendants !
Les Pachtounes ne reconnaissent pas la frontière séparant l’Afghanistan et le Pakistan (Ligne Durand).
Les Talibans n’ont pas toujours été les ennemis des Etats-Unis. L’ancienne secrétaire d’Etat US Madeleine Albright avait salué leur arrivée au pouvoir en 1996 comme un « pas positif ». Il semble même que ce pas ait été encouragé.


Historique du régime Talibans 1994/1996 à 2001

1994 à 1996 - Une deuxième tentative de reconquête des Talibans aidé par l’armée pakistanaise réussira à rétablir le pouvoir pachtoun sauf le réduit tadjik.

La progression a été foudroyante au sud, Kandahar et Jellalabad tombent sans grand combat et s’avance sur Kaboul qu’ils occupent facilement puisque déserté par leurs adversaires.
En voulant pousser leur avancée vers la vallée du Panshir en zone tadjik, ils se trouvent confrontés à une résistance farouche des Tadjiks de Massoud, des Ouzbeks et des Haziris qui se sont coalisés contre le fondamentalisme des faux étudiants en religion.

Le 27/09/1996 - Prise de Kaboul et du pouvoir par les taliban
Le Mollah Omar, dirige le pays.

En mai 1997 - Le Pakistan premier pays à reconnaître le régime taliban, suivi
par l'Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis.

En juillet 1997 - Les forces de Massoud prennent le contrôle des zones Nord de Kaboul

En février 1998 - Création par Ben Laden d’un " Front Islamique International
contre les juifs et les croisés " avec une charte contre les Etats-
Unis

En Avril 1998 - Echec du processus de paix proposé par l'ONU

Du 27/07/2000 - Interdiction de produire du Pavot

Au 26/02/2001 - Sanctions par l’ONU aux Talibans pour soutient aux terroristes.
- Le Mollah Omar ordonne la destruction de toutes les statues pré-
Islamique

Le 09/09/2001 - Le commandant Massoud victime d’un attentat suicide, remplacé
Par le général Mohammad Fakhim.

Le 11/09/2001 - Attentats aux Etats-Unis. Oussama Ben Laden, chef du réseau Al
Qaeda basé en Afghanistan, est tenu pour responsable
. Le régime des talibans est alors la cible première des Etats-Unis dans
leur lutte contre les réseaux terroristes.

Octobre 2007 - Bombardements américains sur les principales villes talibanes et
bases d'entraînement terroristes

Hiver 2001-2002 Chute du régime des Talibans


La guerre d’Afghanistan depuis 2001.

_Les circonstances d’une intervention internationale en Afghanistan

Le 11 septembre 2001 a eu lieu les attentats contre le World Trade Center de New York et du Pentagone de Washington.

En conséquence, le régime des talibans, toléré depuis1996, est accusé non sans raison par les États-Unis d'abriter Oussama Ben Laden et ses camps d’entraînements.

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a exigé du gouvernement afghan la «livraison immédiate et inconditionnelle» de Ben Laden ».

Les Talibans ayant refusé à la demande de l’ONU, ont alors déclenché une riposte militaire d’une vaste coalition d’une vingtaine de pays patronnée par les Etats-Unis.

Au Pakistan, le général Musharraf, au pouvoir depuis son coup d'État de 1999 et craignant d'être renversé par les islamistes, s'est placé résolument dans le camp américain.

Parallèlement, le gouvernement des talibans a exhorté la population afghane à se préparer au djihad et des manifestations contre le soutien apporté aux États-Unis ont secoué le Pakistan.



Une victoire militaire éclair

Les premières frappes américaines en Afghanistan ont eu lieu dans la nuit du 7 au 8 octobre 2001, opération baptisée «Enduring Freedom» («Liberté Immuable»).

Par ces bombardements, les successeurs du commandant Massoud, assassiné le 9 septembre 2001, s'allient avec des mouvements chiites et forment l'Alliance du Nord.

En conséquence, les talibans se replient dans les provinces du sud, tandis que les combattants d'Al-Qaida se concentrent dans le nord du pays.
Le 13 novembre, les troupes de l'Alliance du Nord entrent dans Kaboul, désertée par les talibans
Peu de temps après a lieu la conférence inter afghane de Bonn, qui réunit les différentes factions de l'opposition aux talibans, sous les auspices de l'ONU.
La conférence porte Hamid Kazaï, un Pachtoun, à la tête d'un gouvernement intérimaire.
Elle constitue également une force internationale dirigée par l’OTAN sous mandat de l'ONU, composée de soldats d'une quarantaine de nations.
L'Afghanistan n'en reste pas moins partagé en zones d'influence des chefs de guerre régionaux..

Des lendemains difficiles qui déchantent

Bien que le régime des talibans s'est écroulé, huit ans plus tard, il est regrettable de constater que la situation ne s'est pas améliorée !

Le gouvernement d'Hamid Karzaï, rongé par la corruption, a de la peine à asseoir sa légitimité.
On constate que ni le mollah Omar ni Oussama Ben Laden, n'ont été capturés.
Les Américains sont confrontés à une guérilla autre qu’en Irak qui est multiforme, essentiellement rurale et à forte composante interconfessionnelle (chiites contre sunnites).

D’autre part des points de tension se multiplient dans la région avoisinante, à savoir :

En Iran, le raidissement du régime, orchestré par le président Ahmadinejad depuis 2005.
Au Pakistan, le désordre politique (tensions et luttes d'influence entre civils et militaires, assassinat de Benazir Bhutto, montée du sentiment anti-américain).

Des Afghans tiraillés

Profitant de l’enlisement des Américains en Irak et le discrédit du gouvernement d'Hamid Karzaï, les talibans, revigorés ont repris le contrôle de presque tout le sud du pays et se trouvent à nouveau aux portes de Kaboul.
Ils seraient à ce jour 20.000, un nombre auquel il faudrait ajouter les «brigades internationales» d'Al-Qaida.
Si ces dernières sont très mal perçues par la population afghane, il n'en est pas de même paraît-il des talibans, perçus soit disant comme des patriotes et libérateurs de l’envahisseur malgré leur brutalité et de leur rigorisme ?

Face à eux, l'armée régulière afghane constitue une institution dans laquelle une bonne partie de la population ne se reconnaît pas.

Aux États-Unis ressurgit le souvenir de l'enlisement au Vietnam tandis que s'installe le doute sur la probabilité de «vaincre le terrorisme» par les armes au milieu d'une population de plus en plus hostile.







Par le traité du 26 mai 1879 anglo afghan de Gandamak, les Afghans obtinrent de rester maîtres chez eux mais s'engagèrent à maintenir à distance les Russes, rivaux des Britanniques.Tôt ou tard, si le conflit ne déborde pas vers le Pakistan et l'Iran voisins, les Occidentaux en arriveront vraisemblablement à faire le même type de compromis.




L’OTAN peut-elle gagner la guerre ?





JJ ALEX