L’économiste Christian Saint Etienne opposé aux premières décisions du gouvernement socialiste, annonce au Figaro Magazine sa démission du Conseil d’analyse économique (CAE).
1) Pour Christian Saint Etienne professeur au CNAM et chargé de conseiller le premier ministre, le programme de Hollande n’est pas rigoureux, il s’en explique :
Ce programme n’est pas rigoureux. Au contraire, puisqu’il rajoute encore de la
dépense. Même si elle est contenue, c’est suicidaire. La France est déjà en faillite, elle enregistre 8 points de PIB de dépenses publiques de plus que la moyenne des autres pays européens. Nous sommes dans une situation où il faudrait réduire ces dépenses de 50 milliards d’euros. On devrait maîtriser mieux notre système de prestations sociales. Hollande ne prévoit rien en la matière.
Le gouvernement précédent a fait une réforme des retraites significative, les socialistes veulent revenir dessus. Surtout, le raisonnement PS n’est pas le bon : nous ne traversons pas une crise de la demande, mais une crise de l’offre. Le programme de Hollande se résume à durcir violemment la fiscalité sur les 20% de Français aux revenus les plus élevés dans l’espoir de gagner les grâces des 80% restants.
2) Dans une longue interview faite au Figaro Magazine.
Il répond aux questions suivantes (En voici quelques extraits) :
A) Que pensez-vous, en tant que membre du Conseil d'analyse économique (CAE), cet organisme placé auprès du premier ministre, des premières décisions du gouvernement?
«Je vous annonce ma démission du Conseil d'analyse économique. J'en démissionne parce que je ne suis pas d'accord avec les orientations de la politique économique du gouvernement.Je suis en opposition totale avec les options prises par le gouvernement, qui sont contraires aux idées que je défends en tant qu'économiste depuis plus de vingt ans, comme elles sont en contradiction avec les recommandations récentes de la Cour des comptes, de la Commission européenne ou encore du FMI et de l'OCDE.
B) Quelles décisions désapprouvez-vous le plus?
«L'une des toutes premières décisions du gouvernement a consisté à revenir à la retraite à 60 ans (qui concerne 1/5 des gens qui partent à la retraite) pour un coût annuel d'au moins 5 milliards d'euros en incluant les régimes complémentaires, voire 5,5 milliards d'euros en régime de croisière. C'est un choix intolérable qui nie totalement les réalités économiques et la situation extrêmement précaire des régimes de retraite.
La France a perdu 42% de ses parts de marché à l'exportation entre 1999 et 2011 au plan mondial, 25% dans la zone euro. L'urgence, c'est de relancer la production, pas la consommation.»
C) Que pensez-vous de l'idée de taxer les plus hauts revenus à 75%?
«Là encore, c'est une idée qui va totalement à l'encontre des intérêts fondamentaux du pays. Qu'il y ait une mesure de justice fiscale, c'est bien. Mais quand vous avez déjà un niveau de CSG très élevé, et un taux marginal d'impôt sur le revenu de 45 %, cela donne un taux d'imposition beaucoup plus élevé qu'ailleurs. Or le gouvernement britannique vient d'annoncer une baisse du taux marginal d'imposition sur les revenus qui mettra la France en décalage fort par rapport au Royaume-Uni où, par ailleurs, le gouvernement s'est engagé à fortement réduire le taux de l'impôt sur les sociétés.
JJ A