Tous les voyants sont au rouge, chômage record, croissance en berne, dette publique faramineuse, perte de compétitivité, désindustrialisation.
Il est dur de constater que l’euro est un échec atteignant toute l’économie mondiale, Etats-Unis et Chine compris
L’euro, monnaie unique, machine infernale joue donc contre l’Europe et les Européens.
Malgré le Traité à venir sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) et toutes les mesures, FESF additionnés du MES (qui n’est pas encore en vigueur) ne suffiront pas à financer les pays du Sud, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, Chypre et bien d’autres.
JJ A
_ A ce sujet, Valeurs actuelles a fait paraître un article en date du 13-09-2012 de Jacques MYARD député UMP (souverainiste)
L’euro contre l’Europe
Souvenons-nous, c’était le 1er janvier 2002. L’euro entrait physiquement dans nos poches au son claironnant des trompettes de la renommée. Les rares esprits qui osèrent douter de ce succès furent moqués, ostracisés.
Dix ans après, les faits – une croissance en berne, un chômage record, une dette publique faramineuse - apportent un démenti cinglant aux partisans de l’euro. L’euro a un temps masqué les réalités économiques, faisant croire que prêter à la Grèce, c’était comme prêter à l’Allemagne. Pour faire face à leur perte de compétitivité, faute d’ajustement monétaire possible, les Etats du Sud ont pratiqué une politique de déficit budgétaire pour soutenir la demande des ménages, créant ainsi des bulles immobilières en Europe. L’inadaptation de la politique monétaire de la BCE, couplée à une absence de réciprocité dans les relations commerciales internationales, a entraîné un sous-investissement chronique et une désindustrialisation accélérée.
Ce bilan calamiteux de la monnaie unique est sans appel, néanmoins, les tenants de la monnaie unique ne désarment pas. Cette situation ne serait pas due à l’euro mais à une double impéritie des Etats : d’une part le laxisme budgétaire et l’absence de mesures structurelles de réduction de la dépense, d’autre part le manque d’une véritable gouvernance de l’euro, à laquelle entend remédier le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) au sein de l’Union européenne et monétaire.
Rarement réponse aura été aussi vaine et inopportune. Loin d’être une crise de liquidités, la crise de l’euro est une crise de compétitivité. Elle est structurelle car les pays membres de la zone euro ont des économies durablement divergentes, sauf si les pays riches transfèrent sans discontinuer des aides aux maillons faibles. L’union monétaire devient alors une union de transferts. A défaut les populations doivent émigrer en masse vers les zones prospères. Sur le plan politique, le contrôle budgétaire n’est pas la réponse. Tout d’abord, le Traité exige une perte de souveraineté budgétaire complète des Etats qui devront soumettre leurs lois de finances à la Commission de Bruxelles, laquelle se voit confier des pouvoirs de sanction en cas de déficit. Ce Traité fait basculer les régimes parlementaires démocratiques dans celui du règne de la technocratie. C’est la mort de la démocratie dans la République, prédite par Platon.
De plus, la politique d’austérité exigée par le Traité pour réduire la dette engage les peuples dans un long tunnel de récession, comme on le constate déjà. C’est une politique digne de Laval ! Enfin, sans un budget fédéral d’au moins 10% du PIB de l’Union européenne pour permettre un transfert financier vers les pays en déficit, les meilleures règles budgétaires sont vaines. Pis, elles provoquent la colère des peuples.
La monnaie unique, instrument monétaire, est devenue une machine infernale. L’euro va casser l’Europe mais son échec atteint de plein fouet toute l’économie mondiale, Chine et Etats-Unis compris. L’inadaptation de la monnaie unique emporte sur le plan politique des conséquences néfastes : la remise en cause de la démocratie parlementaire et de la liberté des peuples au profit d’une gouvernance technocratique toute puissante. Mais surtout les oppositions et les tensions entre les Etats de la zone euro vont aller croissant, le dialogue franco-allemand se tend et illustre des positions inconciliables entre les tenants du dogme de l’austérité de Berlin et la volonté de relance de Paris.
Il faut se rendre à l’évidence, né de l’esprit de système, l’euro est inadapté. Les annonces tonitruantes de prêts à la Grèce, à l’Espagne, aux frais des contribuables français et allemands, ne lui permettront au mieux que de gagner quelques mois. Aujourd’hui, les besoins de financement de l’Espagne, de la Grèce, du Portugal et de l’Italie pour 2012 excèdent très largement les disponibilités du FESF et du MES (ce dernier mécanisme n’étant pas encore en vigueur). Quant à la monétisation de la dette, même indirectement, par le rachat des obligations d’Etat sur le marché secondaire, elle ne peut être qu’une solution à très court terme. Au demeurant, l’Allemagne a fait ses comptes et devrait transférer 4% de son PIB annuellement pour éviter le déficit des pays en difficulté... L’union de transferts devient mission impossible.
Il importe désormais d’en tirer les conséquences. Démonter ce système casseur d’Europe et revenir aux monnaies nationales convertibles, gage de l’adaptation économique, sont une nécessité. Les Etats européens pourraient alors adopter entre eux une monnaie commune, monnaie de référence pour les transactions internationales.
Il convient d’agir collectivement : une sortie unilatérale de la zone, même pour la Grèce, risque d’enclencher une situation de panique. Seule une action coordonnée de tous les Etats de la zone euro permettra de résoudre les enjeux techniques afférents.
L’Europe n’est pas l’euro et survivra à cette utopie monétaire ; l’Europe, c’est une civilisation dont la force est la diversité des cultures et l’indépendance de Nations qui coopèrent librement !
Jacques Myard, maire de Maisons-Laffitte, député des Yvelines
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JJ A