C'est désormais officiel, le candidat prorusse Victor Ianoukovitch va accéder à la présidence de l'Ukraine.
En effet, mercredi la commission électorale ukrainienne a confirmé sa victoire
37 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner le successeur du président sortant Viktor Iouchtchenko
La participation s'élève à 69,14 %.
Victor Ianoukovitch obtient 48,95% des voix au 2e tour
Ioulia Timochenko obtient 45,47 % première ministre actuelle.
Le scrutin de dimanche confirme l'extrême division du pays, entre l'Ouest plutôt tourné vers l'Europe et acquis à Timochenko, et l'Est, russophile, sur lequel Ianoukovitch a construit sa victoire
1) Déroulement du scrutin
Selon le rapport de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), la présidentielle s'est déroulée de façon "transparente et honnête", ouvrant la voie à une passation "pacifique" du pouvoir. "Il est temps maintenant pour les dirigeants politiques du pays d'écouter le verdict du peuple et de faire en sorte que la transition de pouvoir soit pacifique et constructive", a déclaré le président de l'Assemblée parlementaire de l'OSCE, Joao Soares
2) Réactions internationales
L’Union européenne, a "hâte de travailler avec le nouveau président" ukrainien, a annoncé la Haute représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton.
Paris _ Salue le second tour de dimanche, qui s'est déroulé "de manière transparente et sans heurts".
Les Etats-Unis ont applaudi mardi le bon déroulement du scrutin, sans toutefois mentionner le nom du vainqueur.
Russie - le président russe Dmitri Medvedev a lui félicité mardi au téléphone M. Ianoukovitch "pour le succès rencontré lors de l'élection présidentielle".
Konstantin Kossatchev, haut responsable de la Douma (chambre basse du parlement russe), jubilait en disant que "La Révolution orange ne s’est pas simplement achevée, elle s’est crashée".
3) Premières déclarations Viktor Ianoukovitch
Dimanche soir, ses premières paroles à l’annonce des premiers sondages qui lui étaient favorables :"Merci à Dieu de nous avoir aidés à ouvrir un nouveau chapitre dans l'histoire de notre pays"
Par contre, il a invité sa rivale, le Premier ministre Ioulia Timochenko, à reconnaître sa défaite et à démissionner.
Il a promis de former rapidement une nouvelle majorité au Parlement et de mener sans délai des "réformes pour surmonter la crise économique".
4) Réactions de la presse en Russie
La presse russe moins prudente que les autorités n’a pas hésité pas à saluer "le crash" de la Révolution orange, source d'humiliation pour Moscou et le vainqueur du scrutin.
Le quotidien Izvestia a évoqué "Le crépuscule orange". A ses yeux, la Russie peut fêter la fin de l'ère farouchement pro-occidentale de l'Ukraine avec le départ du président Viktor Iouchtchenko.
5) Analyse de la presse ukrainienne
La défaite du camp orange est sans surprise pour la presse Ukrainienne, après les crises répétitives au sommet de l’état et la déroute économique pendant le mandat de M. Iouchtchenko.
Le lundi matin le quotidien Gazeta po-Kievski proche de Mme Timochenko titrait en première page : "Ianoukovitch alors ? C’était prévisible et il n’y a pas eu de miracle. Les Ukrainiens ont jugé le pouvoir (orange)"
Quant au quotidien Segodnia, pro-Ianoukovitch a renchéri "La campagne de Timochenko a été beaucoup plus spectaculaire (...) Mais la plupart des électeurs ont choisi le pain et pas le divertissement".
6) Au bout de trois jours Ioulia Timochenko met fin à son silence
Lors d'un conseil des ministres, Ioulia Timochenko met fin à son silence en accusant le vainqueur Viktor Ianoukovitch, de promesses "mensongères", en lançant "Après l'élection, les mensonges commencent à se révéler", réflexions établies selon des images télévisées.
Le projet de loi d’augmentation des "normes sociales" n’a pas été soutenu par le parti de M. Ianoukovitch, bien que celui-ci ait promis pendant sa campagne de tout mettre en oeuvre pour augmenter le niveau de vie des Ukrainiens.
Elle précise que "les gens devront prendre cela en compte pour définir leurs préférences politiques pour l'avenir".
Mme Timochenko, continue à refuser de reconnaître sa défaite.
Son état-major électoral a indiqué qu'il préparait plaintes et recours devant les tribunaux et dans les rues pour contester le résultat du vote.
7) L'Ukraine, pièce maîtresse du jeu "russo - européen"
7-1 Ukraine, pièce maîtresse de la Russie
Pour Moscou l’Ukraine est sa pièce maîtresse de sa sphère d’influence et le restera.
Chaque pas de l’UE en direction de l’Ukraine est considéré par la Russie comme une incursion dans sa zone d’influence traditionnelle.
Rappelons, que c’est par la déclaration d'indépendance de l'Ukraine en 1991, qu’est arrivé l’éclatement de l’Union soviétique.
La Russie n’est pas prête de lâcher ce pays.
7-2 Le gaz, est l’arme politique de la Russie.
L’union Européenne doit soigner ses relations avec la Russie son fournisseur en combustible et l’Ukraine qui est le territoire par lequel il transite.
Depuis la révolution orange l’UE essaye de se poser vainement en médiateur dans ce bras de fer Ukraine - Russie, un jeu d’équilibriste mais qui penche pourtant en faveur de la puissante Russie, ce qui permet à cette dernière d’imposer des prix de gaz élevé à l’Ukraine, tout en ayant un tarif de transit bas.
7-3 Une adhésion ukrainienne à l'Otan, impensable pour la Russie
Le tandem Medvedev - Poutine n’acceptera jamais une adhésion de l’Ukraine à l’OTAN pourquoi ? Tout simplement parce que la Russie possède une base militaire très importante sur la mer noire, dans la ville de Sébastopol en Crimée.
A l’occasion d’une invitation exceptionnelle au sommet de Bucarest, Poutine a eu cette formule "L'Ukraine n'est pas un Etat" qui n’est autre qu’un avertissement en direction de l’UE qu’en cas d'adhésion à l'Otan que l’Ukraine risquait de se désagréger
7-4L'Union européenne dans l’obligation de ménager la Russie.
L’Ukraine gêne l'Europe car elle ne veut pas affronter Moscou, étant donné que la tendance est plutôt à la normalisation des relations avec le Kremlin.
Au sein de la communauté européenne on constate que certains membres comme la Pologne, les pays Baltes ont une politique intransigeante vis-à-vis de la Russie et aimeraient une intégration de l'Ukraine.
A l’image de la "résolution" du conflit géorgien la puissante Russie impose ses positions à Bruxelles
7-5 En définitif, nous assistons à une Russie maîtresse du jeu avec une Ukraine qui s’en trouve divisée.
En effet, le pays tout entier oscille entre deux pôles, mais une grande partie de la population est foncièrement opposée à l'adhésion à l'Otan et même l'idée européenne perd de sa force.
8 ) L’OTAN et l’UKRAINE Source : BI N°150
Un rapport allemand décrit la partition du pays
Les cercles militaires allemands débattent de la continuelle expansion de l’OTAN vers l’est et de la partition de l’Ukraine.
Selon un ex-directeur de recherche de l’Amt für Studien und Übungen (Bureau de recherche et d’entrainement) de la Bundeswehr, la question de l’extension de l’alliance militaire occidentale au territoire de l’Ukraine est toujours à l’ordre du jour.
JJ ALEX