vendredi 26 novembre 2010

Afghanistan - L’OTAN s’engage à un retrait progressif des troupes combattantes

Les 19 et 20 novembre 2010, au sommet de Lisbonne, l’OTAN annonce le rapatriement graduel des troupes combattantes d’Afghanistan.





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La seconde guerre en Afghanistan a commencé en octobre 2001.
Elle a été déclarée comme étant une guerre contre le terrorisme.
Elle a été engagée par les Etats-Unis avec l’appui d’une coalition de pays membre de l’OTAN et de la contribution de l’alliance du Nord.
L’ensemble des troupes représente en ce moment environ 150000 hommes.

1 _ Qu’en est-il en novembre 2010 :

1-1 _ Sur le plan politique
Après la mise en place en janvier 2004 :
a) D’un gouvernement dirigé par Hamid Karsaï, élu démocratiquement
b) D’un régime présidentiel et d’un parlement avec une assemblée élu au suffrage universel, la situation ne s’est pas améliorée.
Elle continue à se détériorer car le pouvoir central n’a aucune autorité sur les régions tribales.
Les résultats des élections législatives du 18 septembre ont été marqués par un net recul du camp présidentiel

1-1-1 _ Fraudes massives électorales aux élections législatives

Les élections législatives du 18 septembre seraient entachées de nombreuses fraudes électorales.

Plus de deux mois après les élections, de nombreux candidats dénoncent des fraudes et réclament un nouveau scrutin

Le lendemain du sommet de l’OTAN, le procureur général d’Afghanistan annonce une ouverture d’une enquête criminelle sur ces dernières.
L’opposition accuse le gouvernement de manipulation.

L’an dernier, le président Hamid Karzaï a été réélu après le retrait de son rival du second tour, Abdullah Abdullah.

1-2 _ Sur le plan économique
Dans ce pays, les seigneurs de la guerre règnent en maître sur la culture du pavot qui prend de l’essor et qui reste la principale ressource économique.
Entre 2005 et 2007, on constate que le surfaces de culture du pavot baisse dans le nord mais augmente très fortement dans le sud, région a une très forte présence de Talibans.
Tout en ayant un sous sol riche l’Afghanistan demeure un pays sous développé.

1-3 _ Sur le plan militaire
Avec un terrain fortement accidenté les forces armées de la coalition piétinent et perdent le contrôle partiel, parfois total de nombreuses zones au bénéfice des insurgés, les Talibans (étudiants en arabe).
Selon certaines sources, les Talibans seraient actifs sur 70 à 72% du territoire, chiffres contestés par le commandement de l’OTAN

Par contre et pour le moment, en 2010, le bilan provisoire du nombre de décès dans les rangs de l’ISAF est en forte augmentation, 654 morts, le plus triste record depuis 2001,celui-ci est incontestable.




Pour certains observateurs, les forces militaires de l’OTAN se trouvent piégées dans un immense bourbier.
Certains précisent même que la guerre, ne peut pas être gagnée.

2 _ Le sommet de Lisbonne,
Les 19 et 20 novembre les 28 membres de l’OTAN se sont mis d’accord sur les modalités d’un retrait progressif des troupes de combat en Afghanistan d’ici à 2014.
En d’autres termes, l’Alliance a donc approuvé une stratégie de sortie.
Elle vise au transfert progressif de la responsabilité des combats à l’armée afghane.
De plus en plus, les troupes de l’ISAF n’auront qu’un rôle de soutien et d’instruction au profit de l’armée afghane.

Dans une telle perspective, les troupes afghanes seront elles en mesure de prendre la relève ?

Quoiqu’il en soit, après cette annonce, les Talibans ont estimé que l’OTAN est « voué à la défaite »

2-1 Brièvement, que pouvons-nous en déduire :


Bien que le président américain promet que l’Afghanistan ne sera pas abandonné, nous sommes en droit de se poser certaines questions à savoir :
a) Le désengagement annoncé brutalement est-il la signature d’un échec ?

b) Est-il fait pour éviter l’inévitable aboutissement d’une situation totalement incontrôlable avec un retrait humiliant comparable a celui qu’a connu l’armée soviétique le 15 février 1989.
c) Pire ! Est-il fait pour éviter une humiliante défaite militaire similaire à celle qu’a connu la France le 7 mai 1954 en Indochine avec la bataille de Diên-Biên-Phu, triste souvenir !!
En effet, il est remarquable de constater que certaines bases militaire comme celles de KANDHAR et de KABOUL paraissent avoir une étrange similitude de terrain avec la cuvette de Dien bien phû, ce qui rend ces deux bases statégiques très vulnérables.

3 _ Mais pourquoi cette situation ?

En septembre 2009 Le Colonel René Cagnat y répondait en affirmant :
Oui, en Afghanistan on pourrait gagner la guerre contre les Talibans, mais qui le souhaite vraiment ?

3-1 _ Qui est René Cagnat

Colonel à la retraite, il s’est retiré au Kirghizstan d’où il suit l’évolution de la situation en Asie centrale.
Il est un ancien attaché militaire en Asie centrale, docteur ès sciences politiques (IEP Paris 1983), maîtrise de russe (Sorbonne 1979), breveté technique de l’Ecole de guerre en 1982.
Il nous apporte ses connaissances sur une région où bouillonne une fois encore le « Grand Jeu »...Comprendre les « fondamentaux.


4 _ Le sommet OTAN -RUSSIE
Le samedi 10 novembre, il a permis aux dirigeants occidentaux d’obtenir un appui à leur politique afghane et une coopération au bouclier antimissile pour protéger l’espace Européen.
L’Otan n’a pas précisé d’où pourrait venir la menace.

4-1 Le rapprochement de la Russie avec l’Occident

Une dynamique de rapproche est amorcée.
En effet le président Medvedev a déclaré vouloir participer au projet du bouclier antimissile européen.
Les russes coopèrent avec l’Otan en Afghanistan comme conseillé technique.
Tout en s’abstenant de le dire ouvertement, les russes savent que la Chine se fait très pressante sur la frontière sino-russe de Sibérie
Des tensions sont donc à venir avec la Chine sur cette Frontière.

4-2 Vers un libre-échange avec l’Europe

La Russie accuse un retard technologique assez important et d’un savoir faire qui lui manque dans beaucoup de secteurs pour pouvoir se développer, pour cela elle doit accéder aux technologies nouvelles dont elle a besoin.
Vladimir Poutine a bien compris le problème que rencontre son pays, sa manœuvre est étroite, c’est pourquoi, il lance une idée révolutionnaire, l’établissement d’un nouveau marché entre la Russie et l’Union Européenne « la construction d’un espace de libre-échange, de Lisbonne à Vladivostok » ce qui constituerait une puissance économique considérable.

Pour le continent Européen c’est l’assurance d’un approvisionnement en matières premières et surtout en énergie (pétrole russe, gaz).

Dans la proposition russe, on peut penser à une tentative indirecte de vouloir détacher l’Europe de l’Amérique ?
Adroitement la Russie commence à coopérer non militairement avec l’OTAN en Afghanistan, se sont peut être les premiers pas dans une éventuelle alliance qui pourraient rassurer Washington.

Dans l’éventualité d’un rapprochement de ces trois grandes puissances, on aboutirait à un monde nouveau, mais pour en arriver là, le chemin à parcourir est encore très long.


5 _ La Russie et le « chaudron » centrasiatique

De nouveau, René Cagnat fait le point en dressant quelques perspectives dans un grand entretien donné à la revue « Diplomatie »

Il parle de « chaudron » pour décrire les relations entre la Russie et l’Asie centrale.
Pourquoi utilise-t-il cette métaphore ?
Dans son entretien, il répond :
« L’Asie centrale est une région tellement compliquée, à l’image de l’Orient en général, d’où la métaphore du chaudron centrasiatique.
Ce chaudron centrasiatique renferme divers ingrédients dont notamment
les « larmes du diable » et les « larmes d’Allah ».


EPF - JJ Alex