Une mission composée de Jacques MYARD, accompagnée de son collègue Jérôme LAMBERT, a effectué une mission en Asie pour apprécier la politique industrielle de la Chine et de la Corée.
Cette mission s’inscrit dans le cadre d’un rapport pour la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale qu’ils rendront début 2011.
A la suite de son séjour en Chine et en Corée, par un Communiqué de Presse, Jacques MYARD nous fait part de son impression générale en précisant certains points à retenir.
COMMUNIQUE DE PRESSE de Jacques MYARD
- Tout d’abord une impression générale :
Jacques MYARD ayant négocié dans les années 80 l’accord cadre franco-chinois sur la promotion des investissements, il a pu comparer la formidable évolution de la Chine sur le plan économique. Pékin était « plane » dans les années 80 avec des centaines de milliers de vélos, aujourd’hui des grattes ciel à l’architecture futuriste règnent en maîtres sur des centaines de milliers de voitures qui embouteillent les 7 périphériques ! Mais c’est surtout l’évolution des mentalités qui frappe : elle est phénoménale, en 20 ans on est passé d’un discours à langue de bois à des échanges très libres. Les responsables chinois sont à juste titre fiers des réalisations et des progrès de leur pays.
- La Chine et la Corée ont une réelle politique industrielle dont l’objectif essentiel dans les deux cas est la défense de leurs intérêts nationaux.
- La Chine comme la Corée pratiquent une concurrence asymétrique à leur profit exclusif :
- En réglementant l’accès à leur marché et en protégeant leurs entreprises nationales de multiples façons
- Aucune entreprise nationale n’est opéable, certains secteurs ne sont pas accessibles à des entreprises étrangères, sauf à des entreprises conjointes (joint ventures). C’est aussi le cas de la Corée pourtant membre de l’OCDE.
- Les conditions de production nationale demeurent opaques au regard des règles financières et des conditions de travail.
A ce titre, les entreprises d’Etat ou municipales reçoivent des aides publiques importantes ; le capital investi n’est pas rémunéré.
Sur le plan de la législation du travail, il n’est pas rare que la règle des 3x8 se transforme en 2x12 sur une semaine soit 70 heures de travail lorsque la demande est forte.
- Les normes industrielles nationales viennent souvent et opportunément bloquer les importations lorsque le produit étranger a une longueur d’avance sur le champion national : ce fut la cas de l’Ipad d’Apple bloqué à l’entrée en Corée jusqu’à la sortie du Galaxy de Samsung.
- La Chine comme la Corée « administrent » leur monnaie et l’utilisent pour maintenir à leur économie un avantage des termes de l’échange.
A ce propos, Jean-Claude TRICHET lui-même appréciera qu’en Corée, le Ministre des Finances assiste en personne au conseil d’administration de la banque centrale bien que la loi coréenne ait octroyé à cette dernière un statut d’indépendance !
Tout cela est certes connu, mais lorsqu’on touche du doigt ces réalités, on ne peut que se demander si Bruxelles et les idéologues du libéralisme exacerbé de la Commission européennes sont inconscientes, incompétentes, voire masochistes pour accepter une concurrence totalement asymétrique au détriment de l’économie européenne.
Il est temps d’imposer la règle de réciprocité dans nos rapports avec les Etats qui sont au demeurant déterminés l’un comme l’autre à nous tailler des croupières sur leurs marchés extérieurs, en dégageant des marges bénéficiaires sur leurs marchés intérieurs. Ils traduisent cette volonté de conquête par le slogan « Chine sors de tes frontières ! » (« Go out China »). Ces pays ont compris ce que doit être une politique industrielle. A nous de cesser d’être naïfs !
EPB - JJ Alex